“Quiétude” est une série mettant en résonance mes textes et mes photographies polaroids. Il parle des longues heures de silence. Un silence qui hurle. J’y raconte la mort, la souffrance, le suicide. C’est une série sensible et forte qui porte une part de violence, à l’image de l’intensité de ce que je vis, sans jamais basculer dans le morbide.
Cette série n’interroge pas la mort en tant que telle, l’après. Elle parle plutôt de la souffrance de ceux qui ont décidé de partir et de celle de ceux qui restent. J’observe la mort dans des parcours de vie. C’est également une tentative d’émancipation du tabou du suicide et de la santé mentale.
* Extrait de la série
Le livre
De cette série, est née une micro-édition auto-éditée.
Ce livre est composé d’une série de 25 photographies polaroids prises en 2022 et 2023. Ainsi que 23 textes écrits en 2018, 2019 et 2022.
Le livre + un transfert d’émulsion = 45€
La genèse
Il y a quelques années, une de mes amies proches s’est suicidée.
Cet événement a été un tsunami pour moi. La perte fut difficile. Le retour en arrière de ce que je croyais définitivement derrière moi, a été d’une grande violence également. Mon amie a réussi ce que j’ai tenté de faire à deux reprises quelques années plus tôt.
À la mort de C. j’ai ressenti le besoin de rester près d’elle. Je suis alors restée de très nombreuses heures au cimetière, face à son urne. J’ai trouvé refuge auprès des morts. Cette nécessité d’un espace de recueillement était très nouvelle pour moi.
J’ai passé beaucoup de temps à observer les allées, les tombes, tantôt très entretenues, tantôt abandonnées. L’esthétique des lieux m’a alors sauté aux yeux. J’ai eu envie d’y faire des photos, qui, je le pensais, resteraient à ma discrétion. Puis, j’ai voulu mettre en écho ces polas avec mes textes, écrits pendant des heures sombres.
Sensibilisation
Au fur et à mesure de mes explorations esthétiques et existentielles, j’ai voulu donner à ce travail, au-delà de la dimension artistique, une dimension de sensibilisation.
La mort, le suicide, la santé mentale sont des thèmes trop tabous. Tout le monde est touché, de près ou de loin, à un moment donné de sa vie, par ces sujets, et pourtant, on refuse d’en parler. Pour moi, montrer cela, c’est parler de la vie. Photographier des tombes ne dis rien sur la mort, mais ça dit beaucoup des vivants.
“Quiétude” parce que cette série retrace mon chemin entre le silence souffrant d’hier et le silence serein d’aujourd’hui. La quiétude que je trouve désormais en ces lieux.
Les textes
Au fil des longues nuits d’insomnies, on ressent la solitude, le vide et la souffrance. On fini par voir l’absence d’issue et la seule chose qui devient alors possible, c’est de faire cesser tout cela.
Un jour, un ami m’a dit “la douleur est devenue plus forte que la vie”. C’est exactement ça le suicide. Mes textes parlent de cette dureté-là. Il n’est pas du tout question pour moi de “romantiser” le suicide et la mort. Ces textes sont tout droit sortis de la noirceur de ces moments d’angoisses.
C’est une série extrêmement intime, mais qui porte, je crois, une forme d’universalité parce qu’il vient toucher, à divers endroits, des choses que l’on a tous en nous.
Les photos
Les photographies sont toutes prises dans des cimetières. Elles mettent en lumière la poésie particulière de ces endroits. Au fil des tombes, on ressent l’absence, la solitude et le silence. L’atmosphère n’est pas toujours triste, elle peut être apaisante et salvatrice. Le temps s’y écoule différemment que partout ailleurs.
Les proches s’approprient, ou pas, les sépultures, chacun à sa façon. Ça ne dit rien de leur attachement à leur défunt, ça parle plutôt du besoin, ou non, d’un lieu de recueillement. Je suis toujours profondément touchée par ce que je vois, les mots, les plaques, les objets…
Les cimetières sont des sanctuaires pour les morts. Ils sont devenus un refuge pour moi. Pendant des heures, j’y ai observé la douleur, l’oubli, le souvenir et la paix.
Déambuler dans les allées d’un cimetière, c’est partager l’intimité de centaines de vivants.