Curiosité, lubies, dispersion et renoncement

Curiosité, lubies, dispersion et renoncement

J’ai toujours eu cette tendance à vouloir explorer plein de trucs. Je suis curieuse. Je m’ennuie vite. Je m’intéresse à beaucoup de choses. Mes centres d’intérêts peuvent être variés. Je peux avoir envie de tester plein de choses sans forcément aller plus loin.

Je suis souvent éparpillée ou versatile aux yeux des autres (je crois que “irrégulière” et “inconstante” sont les mots qui sont le plus apparus dans mes bulletins scolaires 🙂 ).

Les artistes sont souvent des personnes complètement dispersées. Cette tendance à la multipotentialité ou plutôt aux intérêts pluriels, que je vois aussi beaucoup chez mes clients, je l’ai longtemps mal vécu parce que c’était, pour moi et pour beaucoup de mes clients, synonyme de dispersion quand je m’y engouffrais et synonyme de renoncement quand je la réfrénais.

Quand j’ai commencé à réellement renouer avec mes désirs, j’ai eu envie, et besoin, d’écrire, de peindre, de faire de la photo, de coacher. J’ai eu envie de tout ça plus ou moins simultanément et j’ai choisi de faire de la place dans ma vie pour tout ça. J’ai fait tout ça, j’ai pris au sérieux tout ça. J’ai voulu donner sa chance à ces différentes pratiques. J’ai exploré des pistes. Je ne voulais renoncer à rien. Je voulais tout faire.

Se laisser de la place pour tester ce qui nous appelle, ça permet de voir où le désir est le plus vivant. J’adore toujours toutes ces choses que j’ai testées, mais ma flamme est plus ardente pour certaines d’entre elles. Je me suis lassée de certaines choses et, au contraire, passionnée encore plus pour d’autres. C’est beaucoup plus clair pour moi depuis que j’ai exploré. Je me suis autorisée cette exploration, quitte à paraître dispersée (ou à l’être réellement) temporairement.

Laisser de la place pour tester permet également de voir là où il y a vraiment matière à approfondir. Là où on est le plus compétent. Et, si on a vocation à gagner de l’argent, là où il y a le plus de débouchés.

Je tâtonne, j’essaye, je me forme, j’explore, je m’expose, je me mets en danger (selon mes critères), j’abandonne, je passe à autre chose, j’approfondis, …

Laisser de la place pour tester des choses, c’est accepter ce fonctionnement “éparpiller”. J’ai cessé de le voir comme un éparpillement quand j’ai accepté que tout n’aboutisse pas. Quand j’ai compris ça, ça été un grand soulagement.

J’ai plus d’idées que de temps et de ressources pour les réaliser. Accepter que c’était ok que tout ce que j’entreprends ne se concrétise pas, c’était arrêter de me mettre la pression. Ça m’a aussi permis de voir que ce processus d’élagage des projets n’est pas une succession d’échecs, c’est, au contraire, tout à fait normal (dans mon fonctionnement), et même sain.

Ça implique, en effet, parfois, de s’investir dans un projet qui n’aboutit pas. C’est ok. J’ai dû accepter de travailler pour rien. Parfois, j’abandonne des projets très vite. Des fois, je travaille longtemps dessus pour finalement abandonner quand même. Tout est parfait.

On m’a beaucoup reproché de laisser plein de projets en plan, de ne pas aller au bout. Je me suis beaucoup rendu coupable de ça. Je me répétais des reproches du genre : “j’abandonne trop vite”. En fait, sur d’autres projets, au contraire, je fais preuve de beaucoup de ténacité. J’ai décidé d’accepter de laisser des choses inachevées, ça me permet d’aller au bout de d’autres projets.

Abandonner, c’est aussi ne pas être totalement buté sur un truc qui ne nous fait plus vibrer. Savoir dire non, dire stop là où il n’y a plus de désir, c’est plutôt un bon signe. Faire preuve de ténacité, de persévérance quand un projet te tient vraiment à cœur, c’est absolument génial. En revanche, s’accrocher à quelque chose sous prétexte qu’on y a déjà dépensé beaucoup d’énergie, de temps, d’argent, ou par devoir c’est de l’acharnement et de l’obstination.

La frontière est mince et attention au jeu de l’ego. Attention à ce que la multipotentialité ne soit pas une stratégie de fuite et une excuse pour ne jamais rien amener à son terme. Renoncer au moindre obstacle, c’est une stratégie de l’ego pour te mettre en échec et alimenter tes croyances.

Aujourd’hui, je n’ai l’impression de renoncer à rien, en revanche, j’ai choisi quelque chose, j’ai choisi la peinture et le coaching. Je ne m’empêche absolument pas d’écrire ou de faire de la photo si j’en ai envie mais, c’est naturellement passé au second plan parce que je me suis engagée pleinement envers la peinture et le coaching et tout ce qui ne m’emmène pas vers ça, tout ce qui ne me permet pas de faire un pas de plus vers mon idéal est naturellement délaissé, sans regret, sans déception, sans sentiment de renoncement, sans sentiment de perdre quelque chose, au contraire, avec celui de gagner.

Mais j’ai aussi appris à déceler les points communs de tout ça. J’ai appris à voir le fil rouge, mon identité dans la variété des choses qui m’intéresse. Et je sais aussi aider les autres à voir leur fil rouge. C’est ma spécialité de coach.

Je suis aussi très vigilante à trouver la façon de ne pas m’ennuyer dans mon cadre. Cette année, je prends des cours dans lesquels on aborde des techniques, des pratiques, des approches extrêmement variées. L’expérimentation est vraiment l’intention et le but de ce cours. Ça me convient vraiment bien, car ça me permet de satisfaire ma curiosité, ma soif d’expériences, tout en restant dans le champ des arts plastiques. Ça nourrit beaucoup ma créativité, mon travail et mes recherches personnelles, même si c’est de manière plus ou moins directe.

L’enjeu est vraiment de passer du sentiment de se sentir obligé de renoncer à celui de faire un choix conscient.

Et toi, te sens-tu dispersé(e)?

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